La précarité énergétique touche un tiers des Français

La facture énergétique gonfle considérablement à cause du chauffage. Ce qui pousse le tiers des Français à faire des économies en limitant leur consommation pour le chauffage. Il y a le dispositif de chèque énergie, certes. Mais ce n’est pas tout le monde qui en bénéficie.

Ce phénomène ne cesse de croître

L’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) vient de le confirmer : près de 12 millions de Français peinent à payer leurs factures de gaz et d’électricité. Et à peu près 6 millions de ménages sont décrétés en situation de précarité énergétique. Ceux-ci dépensent les 10 % de leurs revenus pour leur consommation énergétique. Mais ils ne se sentent pas au chaud à cause d’un appareil de chauffage en dégradation ou d’une mauvaise isolation thermique de leur logement.

L’AFP Bruno Lechevin, président de l’ONPE, dénonce même que 1 million de ménages seraient vulnérables tant sur le plan financier que sur le plan confort thermique. Ils dépensent trop pour le chauffage alors qu’ils ne sont pas chauffés convenablement.

Et ce phénomène va en croissant malgré les dispositifs mis en place par le pouvoir public. La dernière statistique de cet observatoire date en effet de deux années auparavant. A cette époque, 5,1 millions de ménages étaient dans la précarité énergétique, et 11,5 millions de Français.

Selon Bruno Lechevin, cette croissance est due à l’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité. La crise économique a aussi sa part de responsabilité dans ce phénomène.

Ce sont surtout les ménages qui ont des problèmes pour honorer leurs factures d’énergie qui sont considérés comme en précarité. On y remarque également une part importante de locataires, de personnes seules, de familles monoparentales, et de ménages habitant dans des logements anciens ou disposant d’un chauffage collectif.

Environ un Français sur dix a déjà rencontré des problèmes pour payer ses factures

Le Médiateur national de l’énergie a récemment découvert dans un de ses sondages que le tiers des Français a dû réduire son chauffage pour économiser sur sa facture d’énergie. Parmi les ménages interrogés, 8 % ont avoué qu’ils ont déjà eu des problèmes pour le paiement de certaines factures de gaz et d’électricité.

Le dispositif de chèque énergie selon la loi sur la transition énergétique de 2015

Voté en 2015, ce dispositif consiste à octroyer des aides financières aux ménages aux faibles revenus pour qu’ils puissent faire face à leurs dépenses énergétiques ou rénover leur installation énergétique. Il est encore actuellement en phase d’essai. Mais près de 4 millions de ménages devraient être concernés par cette mesure à partir de 2018. Et les tarifs sociaux d’énergie seront abrogés.

Bruno Lechevin salue ce dispositif en tant qu’il tient compte des modes de chauffage autres que le gaz et l’électricité. Mail il déplore déjà l’écart qui existe entre les futurs bénéficiaires de cette mesure et les près de 6 millions de ménages en situation de précarité.

Il faut surtout rénover l’habitat

Le chèque énergie est évalué entre 48 et 227 € par an, avec une moyenne de 150 €. Le montant varie selon les revenus du bénéficiaire. Mais ce chiffre est loin d’être suffisant pour résoudre la précarité énergétique. Il faudrait entre 526 et 735 € par an pour faire disparaître la situation de précarité.

Bruno Lechevin pense que c’est plutôt la rénovation de l’habitat qui est primordiale par rapport à l’aide pour le paiement des factures d’énergie. L’État prévoit justement d’en réaliser 500 000 par an à partir de 2017 dans le cadre de la loi sur la transition énergétique.

A part le chèque énergie, les certificats d’économies d’énergie (CEE) sont également une mesure efficace pour remédier à la précarité énergétique. Ils ont surtout la particularité d’exiger la participation des fournisseurs d’énergie dans la lutte contre la vulnérabilité énergétique des Français.